Sans aucun regard posé sur moi
je ne partirai pas
ta claque est plus douce
que mon regard tourné vers l’intérieur
préférant mon coma artificiel
à une réalité vertigineuse, seule en haut d’un gratte-ciel
peur d’être magnétisée par le vide
de m’y lancer violemment
mes échantillons de rêves en bandoulière
ma gueule bien fourré par mon chiffon
ploguée à des éclats de verre
frétillant dans mes yeux
poudre aux yeux
quelle importance
on ne peut pas tout avoir
qu’on m’a déjà dit
les ecchymoses sur mon âme
un semblant d’existence
je ne partirai pas
je crèverai ici
sous tes coups
petite fille
on m’a appris à être docile
savais t’il que je le serais
à la bête
qu’est-ce qu’être une femme
ma quête silencieuse
derrière ces corps refaits
sous ces sourires et ces regards hypocrites
derrière ces modèles rétrogrades
sous l’altère de mon essence
je partirai
lorsque je trouverai
être femme
sans trembler
car savoir ce que je suis
c’est m’assurer un coup plus fort
que la bête
car savoir ce que je suis
c'est savoir que j'existe
sans aucun regard posé sur moi
car c'est ton regard pourtant vide qui m'enchaîne à toi